Rando du Dimanche
: gravelines les remparts et le parc des rives de l'Aa
Nombre de participants: 5
Nombre de kilomètres: 11 kilométres 500 métres
Dates:
07/12/2025
Nous avons été accompagnés d’une pluie légère, discrète et de courte durée, qui n’a pas perturbé la randonnée.
Nous commençons notre parcours rue des Islandais, un nom qui témoigne d’une page importante de l’histoire maritime locale : la grande pêche à la morue en Islande et à Terre-Neuve.
Dès le XVIᵉ siècle, les ports flamands et artésiens — dont Gravelines, Calais, Dunkerque et Boulogne — envoyaient chaque année des navires vers les eaux froides du Nord. Les campagnes pouvaient durer 6 à 8 mois, et les marins travaillaient dans des conditions extrêmement dures : froid glacial, tempêtes, longues heures de travail et risque d’épuisement.
La morue, une fois salée et séchée, était un aliment essentiel, particulièrement en période de carême où la viande était interdite. Cette pêche représentait aussi une source majeure de revenus pour la région, à tel point que certaines familles vivaient uniquement de cette activité.
C’est en souvenir de ces marins courageux, surnommés parfois “les Islandais”, que cette rue porte aujourd’hui ce nom.
Nous arrivons maintenant vers l’embouchure de l’Aa, un fleuve méconnu mais stratégique. À droite, vous apercevez Petit-Fort-Philippe et Grand-Fort-Philippe.
Pourquoi ce nom de Philippe ?
Parce qu’au XVIᵉ siècle, la région fait partie des Pays-Bas espagnols, sous l’autorité de Philippe II d’Espagne (1527–1598). C’est lui qui règne lorsque se déroule la célèbre bataille de Gravelines en 1558, un épisode majeur opposant les Français aux Espagnols et qui se solde par une victoire éclatante des troupes de Philippe II.
Après avoir repris Calais en 1558, le duc de Guise tenta de conquérir Gravelines, mais il fut battu par les Espagnols et les Anglais, soutenus par une flotte au large.
Gravelines, durant cette période, devient une véritable place forte frontalière, convoitée à la fois par les rois de France et d’Espagne.
C’est également à cette époque qu’est décidé un vaste projet : la construction d’un chenal reliant Gravelines à l’embouchure de l’Aa.
Pourquoi ce chenal ?
Parce qu’à l’origine, l’Aa était un fleuve capricieux, sujet à l’ensablement et aux débordements. Pour que les navires puissent rejoindre la mer sans difficulté et pour que la ville soit mieux défendue, il fallait un passage plus rectiligne et contrôlable.
Les Espagnols ordonnent donc d’aménager ce chenal, qui deviendra un atout économique et militaire majeur. Deux écluses étaient installées à proximité du quai des Islandais, permettant :
de gérer les entrées et sorties des bateaux,
de contrôler la hauteur d’eau,
et de protéger la ville lors des offensives.
Cette maîtrise de l’hydraulique deviendra par la suite un élément essentiel du système défensif.
Nous poursuivons vers les remparts de Gravelines.
Après la signature du Traité des Pyrénées (1659), Gravelines revient à la France et c’est Vauban, ingénieur de Louis XIV, qui revoit et perfectionne les fortifications.
Il restructure entièrement l’enceinte : fossés inondés, bastions, tenailles, demi-lunes, tout est pensé pour transformer la ville en forteresse imprenable.
Les nombreuses écluses que nous voyons encore aujourd’hui permettaient de noyer les fossés ou au contraire de les vider, créant ainsi un piège redoutable pour les assaillants.
Gravelines devient l’un des exemples les plus emblématiques de “ville fortifiée hydraulique”.
Nous entrons maintenant dans le parc des Rives de l’Aa, un espace naturel réaménagé pour respecter l’équilibre écologique. Cette zone humide, autrefois exploitée pour la pêche, la chasse ou l’agriculture, est aujourd’hui un réservoir de biodiversité. On y trouve de nombreuses espèces :
oiseaux migrateurs,
amphibiens,
plantes aquatiques,
insectes pollinisateurs.
Ce lieu illustre parfaitement les enjeux modernes de préservation de la nature et de développement durable.
Nous revenons ensuite vers les remparts en passant derrière la caserne de Varenne et la caserne d’Uxelles, en cours de restauration.
Ces casernes datent majoritairement du XVIIIᵉ siècle et servaient à loger les soldats qui défendaient la forteresse. La restauration actuelle permet de redonner vie à ce patrimoine militaire souvent méconnu, afin qu’il soit accessible au public et intégré dans les circuits culturels.
Nous traversons maintenant le jardin de la Liberté, un espace créé au XXᵉ siècle, symbole de renouveau et de paix dans une ville longtemps pensée pour la guerre.
Enfin, nous achevons notre parcours en passant par le marché de Noël, cœur chaleureux et festif de Gravelines en cette saison.
Merci à toutes et à tous pour votre présence. J’espère que cette promenade, mêlant histoire militaire, traditions maritimes et découverte de la nature, vous aura plu.
Au plaisir de vous retrouver sur les chemins ! »
frank laurence





















